Retrouvez mon intervention lors du débat sur le Plan Climat et ma réponse à la Maire de Paris Anne Hidalgo:

Madame la Maire, mes chers collègues, je veux d’abord réagir, Madame la Maire, à la façon dont vous vous adressez aux élus de la droite de l’hémicycle. Au-delà d’une attitude condescendante depuis le début du débat, vous avez qualifié les élus de « les gens là-bas ». Les gens là-bas, ce sont aussi des élus de la République, ce sont des élus parisiens et nous méritons un minimum de considération à cet effet.

Vous avez aussi affirmé que nous vous reprochons de faire des plans, mais vous n’êtes pas allée jusqu’au bout de la phrase, parce que nous vous reprochons de ne faire que des plans de communication, à longueur de journée. Des plans de communication qui ne sont pas suivis d’actions ni de résultats concrets.

En ce qui concerne Mme CORDEBARD, lorsque l’on est la maire de la place de la République, qui a été le lieu qui cet été a connu un pic de chaleur, le pic culminant de chaleur en raison de sa minéralité, vous auriez dû, lors de votre intervention, faire profil bas et ne pas avoir des propos aussi arrogants envers les élus de l’opposition.

Ce plan Climat, loin d’être une stratégie cohérente, ressemble à une mosaïque d’incantations. Le document souffre d’un manque flagrant de pédagogie, d’une analyse préalable des faiblesses, des moyens et du budget déployés, mais aussi des priorités à établir.

Les nombreuses répétitions contribuent à une confusion générale. Il semble que l’esprit de synthèse d’ailleurs ne soit pas le point fort des auteurs de ce plan. Le plan Climat est une série de promesses irréalistes telles que la création des forêts urbaines, que je devrais plutôt qualifier de bosquets, la plantation de 170.000 arbres, plutôt de jeunes pousses, et j’ai même lu dans la presse que vous considérez les plants comme des arbres. C’est sûr qu’à 170.000 plants, on va peut-être y arriver. J’ai aussi les 300 hectares d’espaces incluant les rues jardins.

Cette surenchère dans la communication suscite le scepticisme. Elle évoque, tout comme d’ailleurs votre intervention, une citation de Pierre Dac : « quand les bornes sont franchies, il n’y a plus de limite ». On se demande alors quelles seront les prochaines étapes sémantiques que vous allez utiliser. Est-ce que ce sera Paris en jungle urbaine ou encore en mangrove ? Vous allez me dire, au vu du chaos dans l’espace public, nous y sommes presque.

Pour y remédier, notre groupe a déposé un amendement pour une meilleure programmation des chantiers parisiens dans le but de réduire leur nombre et aussi de mieux contrôler les pollutions entraînées. Nous avons soumis un vœu à la Ville espérant des éclaircissements sur ces 300 hectares d’espaces verts annoncés, suivant d’ailleurs les recommandations de la Mission régionale d’autorité environnementale.

La communication de la Ville à ce sujet reflète une désorganisation totale et un manque de respect. Quelle surprise de découvrir que des cimetières figurent parmi ces espaces verts ouverts aux publics. Comptabiliser les cimetières, c’est une manière originale de fleurir les chiffres, mais surtout cela enterre définitivement mes espoirs de voir un plan Climat sérieux et bien fondé.

Notre groupe Changer Paris a proposé 64 amendements visant à mettre en œuvre des actions réalistes et efficaces. Nous recommandons une approche plus rigoureuse concernant les surélévations des immeubles. Le P.L.U. bioclimatique vous permet des surélévations des immeubles existants dans les voies de plus de 12 mètres de large. Il est essentiel d’examiner des configurations des dents creuses de façon individuelle pour éviter la formation des canyons urbains, sanctuariser des espaces de respiration, mais aussi préserver des bâtiments emblématiques et le patrimoine faubourien. Avec les acteurs locaux, nous suggérons de poursuivre le recensement des dents creuses débuté par la commission du Vieux Paris en 2006.

Concernant la lutte contre les îlots de chaleur urbains, des études doivent être menées pour réaménager les zones identifiées par l’APUR. Il est également important de choisir des matériaux de construction écologiques et esthétiques en privilégiant la pierre de taille, par exemple. C’est ce que nous proposons dans un amendement.

Nous avons déposé des amendements pour mieux concilier les techniques de construction avec l’esthétisme du paysage urbain parisien. Nous demandons aussi à la Ville de dissiper les imprécisions quant à la hauteur des bâtiments et de respecter strictement le règlement des hauteurs et les gabarits définis dans le plan local d’urbanisme de Paris, limitant les dérogations à des cas très spécifiques, en cas de travaux de rénovation thermique ou de végétalisation de toitures qui viendraient légèrement, je précise, légèrement dépasser ces plafonds.

L’approche actuelle néglige aussi l’importance de la gestion à l’échelle métropolitaine, notamment en matière de neutralité carbone, qui ne peut être évaluée de manière isolée.

Pour conclure, il est regrettable de constater que des mesures de ce plan se perdent dans les méandres de l’idéologie, qu’il s’agisse de dicter nos choix alimentaires ou de créer un bureau dédié, je cite : « au genre et à la transition écologique ».

Ce plan Climat semble plutôt une toile où le vert écologique n’est qu’une fine couche superficielle sur un fond rouge idéologique très profond. Cet écran de fumée écologique ne parvient pas à dissimuler aussi bien l’absence de progrès concrets que l’insuffisance de solutions pragmatiques. Je vous remercie.