Mobilité : Périphérique, la fable du boulevard urbain

Les propositions radicales d’Anne Hidalgo et de David Belliard qui visent la transformation du périphérique en un boulevard urbain, sont toutes déconnectées des réalités socio-économiques de Paris, de l’Ile-de-France et des besoins des Parisiens et Franciliens.

Dans la réalité, ce sont les permis de construire qui fleurissent sur les talus du périphérique et non les arbres comme le déclare la majorité.

Je suis intervenue pour formuler des propositions concrètes – notamment un calendrier cohérent –  pour améliorer la vie des habitants et des usagers et pour demander que tous les acteurs, notamment État, Région et Métropole, soient associés.

Retrouvez mes interventions en séances du Conseil de Paris:

 

 

 

Mes chers collègues,

l’exercice est assez périlleux pour l’Exécutif, parce qu’il s’agit de faire croire que vous allez verdir un territoire, alors que vous avez souvent tendance à le rendre plus gris. La réalité actuelle sur le périphérique, c’est que, pour l’instant, sur les talus, ce sont les permis de construire qui fleurissent plutôt que les arbres. Aujourd’hui, les espaces verts sur le bord du périphérique représentent 11 % de la surface totale des espaces verts parisiens. Nous sommes entièrement d’accord sur le fait qu’il faille les revaloriser, les pérenniser, notamment afin de créer une véritable trame de biodiversité.

C’est dans le cadre du P.L.U. bioclimatique que, j’espère, vous vous engagerez à corriger toutes les erreurs du P.L.U. 2016 qui ont permis, justement, tous les permis de construire et les constructions aux abords et sur les bretelles du périphérique. Mais, pour l’instant, ce sont les constructions que vous avez choisies.

Tout dépend de la possibilité et de la volonté de la Ville de bien vouloir changer son braquet. Pourrez-vous le faire en raison des finances de la Ville ? C’est une question que je pose : est-ce que la Ville sera prête à faire table rase de toutes les mannes financières que représentent les abords du périphérique pour essayer de développer les trames vertes auxquelles elle aspire dans cette communication ?

Pour l’instant, il est assez cocasse de voir le vœu des verts demandant un moratoire, parce que, pour un moratoire, déjà, c’est très excessif, cela met de côté toutes les possibilités d’équipements publics. Je pense à la création d’un gymnase pont entre le 12e arrondissement et Saint-Mandé, qui est pour nous un équipement utile et va être abandonné pour des raisons financières. Mais, vous voyez, votre moratoire est trop excessif. Et surtout, je trouve cela assez cocasse que vous parliez de moratoire quand vous êtes en train de co-construire sur Bercy-Charenton un projet où se profilent des constructions tout le long du périphérique ainsi que de l’échangeur.

Il y a un vœu de l’Exécutif pour lequel nous allons souscrire parce qu’il est beaucoup plus mesuré, parce qu’il demande qu’il y ait des études au cas par cas, éventuellement aussi actionner le sursis à statuer selon les cas de figure. Mais, là encore, même si nous allons voter favorablement ce vœu, nous ne demandons qu’à y croire. Quand on voit simplement la tour Triangle, on peut avoir des doutes.

Madame la Maire, Paris n’est pas une île. Notre périphérique n’est pas la barrière de corail. Je vous ai entendu tout à l’heure très attentionnée sur votre volonté d’ouverture avec les différents acteurs, notamment la Région et la Métropole. Mais, permettez-moi quand même de douter parfois de cette volonté. Je vais prendre un exemple très factuel. Lors de la mandature précédente, la Région Ile-de-France a lancé un plan anti-bouchons, acte 1 et acte 2. Elle a mobilisé plus de 140 millions d’euros pour toute l’Ile-de-France, pour essayer de réguler des points noirs. Cet argent, ces 140 millions d’euros, était mobilisable aussi bien pour des revêtements antibruit que pour améliorer l’insonorisation du périphérique.

J’avais déposé un vœu en juin 2019, qui demandait non seulement de solliciter ces fonds pour pouvoir expérimenter un axe à ultra-basses émissions sur les quais de Bercy, mais aussi pour expérimenter des véhicules propres et autonomes sur le périphérique. Vous avez bien sûr refusé ce vœu, mais vous n’avez jamais mobilisé les fonds régionaux qui allaient dans le sens de ce que vous prônez aujourd’hui.

Donc, voilà, encore des doutes qui s’installent en nous. Mais, bien sûr, vous ne pourrez pas vous priver d’un débat métropolitain et régional afin d’avoir une véritable réflexion sur le périphérique et aussi sur les autoroutes qui s’y déversent, parce que, là encore, c’est un véritable sujet que vous ne prenez pas à bras-le-corps.

Enfin, un débat métropolitain également afin d’avoir un plan de financement avec l’Etat, avec des fonds structurels européens, que vous devez mobiliser pour de telles envergures, pour de telles modifications, notamment sur les couvertures, sur les portes de Paris, que nous appelons aussi de nos vœux. Un travail sur lequel nous sommes prêts à travailler avec vous. Oui, au devenir du périphérique. Mais à condition que cette communication ne soit pas simplement un affichage qui permettrait d’obtenir l’absolution des Parisiens face à tout ce que vous êtes en train de faire aujourd’hui. Quoi qu’il en soit, je leur fais confiance parce qu’ils ne sont pas dupes et parce que, tout simplement, ils ont des yeux pour voir.