Depuis plus de 10 ans, nous avons dénoncé avec force et constance l’ancien projet de Bercy Charenton, ses tours, sa minéralité.Ce dernier était obsolète dès son lancement.Des divergences persistent sur le nouveau projet, comme la densité et la concentration des constructions notamment aux abords du périphérique, l’absence d’étude de couverture d’une partie du faisceau ferroviaire, et le déséquilibre de la programmation de logements.Ce projet manque terriblement de souffle et d’ambition.Un de mes amendements intégrant la notion de sobriété foncière et de lutte contre les îlots de chaleur urbains a été intégré à la délibération. J’ai aussi interpellé l’exécutif pour que la Ville demande une reconnaissance de l’intérêt métropolitain de cette ZAC à la Métropole du Grand Paris afin qu’elle puisse y apporter son soutien et son expertise en matière d’aménagement. Retrouvez mes interventions en séances du Conseil, dans la presse ainsi que ma lettre ouverte :

Mes chers collègues, nous nous réjouissons de l’abandon de l’ancien projet de Bercy-Charenton, que nous dénonçons depuis plus de 10 ans. Je rappelle que ce projet de 6 tours – dont la majorité cumulait à 180 mètres de haut – entourées et enclavées par le périphérique, l’échangeur de Bercy ainsi que le rail, étaient pour nous un projet obsolète dès son lancement. D’ailleurs, c’est bien dommage que vous n’ayez pas écouté les bancs de l’opposition. Nous aurions gagné 10 ans et beaucoup d’argent.

Permettez-moi de rappeler aux élus écologistes de notre hémicycle que la droite a toujours dénoncé ce projet et a maintenu la pression. Aujourd’hui, s’il y a refonte et remise à plat, ce n’est pas que du seul fait des écologistes, mais bien sûr aussi de la droite. Je le rappelle, et c’est arithmétique : vous êtes 22, nous sommes 55.

Si je peux me permettre aussi, dans les négociations internes que vous avez pu avoir – mes chers amis écologistes – avec vos partenaires de la majorité, vous avez quand même perdu le bras de fer, parce que le projet reste très dense, notamment aux abords du périphérique.

En ce qui concerne la nouvelle délibération, nous partageons une grande partie des objectifs de désenclavement, d’avoir un écoquartier, une mixité de programmations, de logements, de bureaux, d’usages, de logistique, et bien sûr, d’avoir aussi des trames vertes et la préservation du patrimoine.

Mais nous avons aussi, hélas, des points de vigilance et des divergences, que nous avons d’ailleurs matérialisés par 4 amendements. L’un demande la préservation de l’existant, notamment au niveau des tunnels Baron-Le-Roy. Je sais que vous vous êtes engagés oralement, mais, pour l’instant, nous ne voyons rien par écrit. Préservation des tunnels au niveau patrimonial, mais aussi de leur destination artisanale. Préservation également des emprises terrestres lors de la rénovation du secteur Léo-Lagrange, car, là aussi, aux premières moutures, il y avait eu menace de constructions à cet endroit.

Enfin, il y a aussi toute une divergence sur la proportion de logements sociaux. Vous continuez et maintenez, comme au premier projet, 57 % de logements sociaux et un total d’environ 80 % de logements aidés. Il n’y a pas que la droite qui le dénonce. Je vais me permettre de lire le rapport du commissaire enquêteur de l’enquête publique qui a eu lieu en 2016 et l’exprime encore mieux. Je cite : « Si la commission d’enquête reconnaît les besoins importants en matière de logement social à l’échelle de la Ville de Paris, elle estime toutefois que le pourcentage de 60 % imposé aux opérations d’aménagement de la ZAC Bercy-Charenton n’apporte pas toutes les garanties en matière de diversité de produits immobiliers et de mixité sociale. La commission d’enquête recommande en conséquence de plafonner le pourcentage de logements sociaux imposé à 50 %, au profit de logements intermédiaires disponibles à la vente ou de logements en accession à la propriété ». Dont acte.

Il y a aussi un quatrième point de vigilance sur lequel j’aimerais attirer votre attention, en ce qui concerne ce que j’appelle « la sobriété foncière ». C’est la lutte contre les îlots de chaleur urbains. J’apprécie le fait que vous ayez amendé l’un de mes amendements pour intégrer ces deux notions, que je pense très importantes. Mais, là, nous avons encore un point de divergence : c’est sur les différents facteurs qui produisent les îlots de chaleur urbains. Vous insistez énormément sur les matériaux biosourcés. Certes, ils sont importants. Mais ce n’est pas qu’eux. L’un des premiers facteurs de la création d’îlot de chaleur, c’est le condensé, le bâti et les gabarits des bâtiments. Je trouve dommage que vous n’ayez pas mis ces notions au sein de ces objectifs dès la première mouture.

Certes, il y a des divergences d’urbanisme. J’ai eu l’occasion de le dire. Nous portons un projet avec des constructions à taille humaine, qui sont possibles grâce à la couverture d’une partie du réseau ferré. Pour nous, c’est possible. Nous nous fondons sur une étude de l’APUR qui a été faite en 2008. Je trouve regrettable que vous, qui portez souvent et utilisez comme référentiel les études de l’APUR, ayez complètement balayé cette étude. On pense qu’une couverture partielle est possible et permettrait un étalement, plus d’espaces végétalisés, et d’éviter votre verticalité concentrée sur le peu d’emprises terrestres qui existent.

En guise de conclusion, je voulais attirer votre attention et vous faire notamment une demande officielle : que la Ville de Paris demande à la Métropole du Grand Paris la reconnaissance d’un intérêt métropolitain pour cette ZAC. Cela permettrait d’avoir le soutien financier de la Métropole ainsi qu’un soutien d’expertise. Cela permettrait d’améliorer et d’avoir peut-être un peu plus de souffle sur ce projet qui, pour moi, manque un peu d’ambition.

J’espère que vous serez à même de répondre à cette sollicitation. Je pense que ce serait dans l’intérêt de l’ensemble des Parisiens et des métropolitains d’avoir ce rééquilibrage entre l’est et l’ouest, et d’avoir aussi cette continuité entre Paris et sa banlieue.

Je vous remercie.