PADD

Le plan d’aménagement et de développement durable, ou PADD, est un élément clef dans l’élaboration du nouveau Plan Local d’Urbanisme bioclimatique. Malheureusement, ces premières orientations manquent d’objectifs chiffrés et engageants, qui pourraient garantir une sobriété foncière, une protection des espaces verts et une lutte contre le réchauffement climatique et ses effets.

 

 

Mme Valérie MONTANDON.- Merci, Madame la Maire.

Mes chers collègues, avant même de commencer mon intervention, je voulais réagir sur ce que je viens d’entendre. Émile MEUNIER a fait juste avant une intervention qui disait totalement le contraire, en disant, en effet, que l’on utilisait tous les espaces libres pour construire. Et vous nous dites qu’en fait, plus on construit, plus les Parisiens s’en vont, et que, donc, il faut continuer à construire. Enfin, il y a quelque chose de pas logique du tout. Je vous invite à vous mettre d’accord entre vous.

Je voulais vous dire que, comme mes collègues, je déplore que l’on commence ce débat sur les orientations du PADD sans avoir débattu ensemble au Conseil de Paris, mais aussi avec les Parisiens sur le bilan du diagnostic territorial et du diagnostic environnemental. Cela a été biaisé, tout a été bâclé. Et d’ailleurs, votre communication d’aujourd’hui est elle aussi bâclée, et je le regrette. Je le regrette parce que j’ai vraiment l’impression que vous voulez tourner la page très vite de l’ancien P.L.U. 2006 et de sa révision, notamment en 2016, où il comportait de nombreuses dérives, que vous avez du mal à assumer aujourd’hui.

Je n’avais pas forcément prévu de parler de Netter-Debergue, mais Mme la Maire de Paris, tout à l’heure dans son introduction, l’a cité comme exemple. Mais ce n’est pas un exemple à prendre, parce que la parcelle Netter-Debergue, justement, lors de la révision du P.L.U., a été déclassée. D’ailleurs, c’était un espace protégé pour du jardin à 100 % et cela a été déclassé pour construire. En plus, cela a été des constructions qui n’ont pas respecté l’existant : ni l’existant des arbres, puisqu’ils ont tous été abattus, ni l’existant que sont les riverains, parce que les constructions se sont faites au plus proche des bâtiments existants, provoquant même parfois des destructions de murs lors du début des travaux.

Je voulais vous dire que, face à l’urgence climatique que nous connaissons, face à l’augmentation du phénomène d’îlot de chaleur urbain, face aux prévisions météorologiques selon lesquelles on prévoit de plus en plus de périodes de canicule dans la capitale, notamment des nuits tropicales où l’on ne descendra pas en dessous des 25 degrés Celsius, où il va y avoir des inconforts, des dysfonctionnements de l’écosystème, face à tout cela, on ne peut pas avoir la main qui tremble lorsque l’on parle de sobriété foncière ou d’engagement sur les espaces verts. Hélas, je vous le dis, vous avez la main qui tremble.

D’abord, vous avez la main qui tremble parce que vous ne mettez aucun objectif chiffré. Le seul endroit où il y en a, c’est le logement. Et encore, c’est simplement pour répéter que vous avez comme objectif 30 % de logements sociaux en 2030. Lorsque l’on regarde dans le détail, vous n’expliquez pas comment vous souhaitez rééquilibrer les logements sociaux dans les quartiers. Je vous rappelle que, dans certains arrondissements, comme le 13e ou le 19e arrondissement, on atteint 42,50 % de logements sociaux, et vous continuez à construire du logement social dans ces arrondissements, et même dans certains quartiers, comme dans le 13e arrondissement, le quartier Jeanne-d’Arc, où l’on atteint les 60 % de logements sociaux. Là, j’aurais bien voulu voir comment vous comptiez rééquilibrer justement ces logements. Pareil, le logement intermédiaire, qui, pourtant, est un logement destiné aussi à la classe moyenne. « Quid » dans cette orientation ? Je ne vois rien du tout.

Concernant les espaces verts, là aussi, vous manquez énormément de clarté. On aurait pu s’attendre à ce que vous envoyiez un engagement fort sur le zéro artificialisation nette des sols. Pourtant, il n’y a rien. C’est un engagement que l’on a pris tous conjointement lors du vote du « Plan Biodiversité » en 2018. Pourtant, expliquez-moi, je ne vois rien. Il y a aussi les coefficients de biotope. Certes, c’est un peu technique, mais enfin, les coefficients de biotope, ce sont ceux qui permettent d’avoir une définition de ce qu’est la pleine terre. Aujourd’hui, la pleine terre, ce n’est pas la pleine terre telle qu’on l’entend. Cela prend en compte les jardinières, les murs végétalisés. Là encore, j’aurais pu espérer que, dans un tel débat d’orientation, nous ayons votre définition de la pleine terre. Ce sera peut-être une autre fois.

Je voulais aussi rebondir sur les déclarations du premier adjoint. Cher Emmanuel, je pense qu’en ce moment, vous devez être très torturé vu le nombre des multiples injonctions contradictoires que vous avez faites. Tout d’abord, un jour, il y a des tours, un autre jour, il n’y en a plus. D’ailleurs, je ne sais pas comment vous faites, dans la même semaine, pour avoir une communication sur le fait que vous vous réjouissez de la tour Triangle, et puis, deux jours après, nous expliquer qu’il ne faudra plus de tours à Paris. D’ailleurs, je veux bien aussi avoir quelques éclaircissements sur Bercy-Charenton, dossier qui, vous le savez, me tient à cœur, parce que, là encore, j’avais cru comprendre que les tours étaient enterrées. Mais, non, je vois que, de nouveau, vous avancez le slogan que la verticalité permettra certainement d’éviter l’horizontalité. Sauf qu’avec vous, le problème, c’est que l’on a, et la verticalité, et l’horizontalité. On a les deux pour le prix d’un.

J’espère que vous allez bientôt nous rejoindre sur notre vision de Bercy-Charenton. Vous savez que ce territoire est complètement enclavé entre le périphérique, les voies ferrées, l’échangeur de Bercy, et que nous partageons une vision d’un territoire qu’il va falloir recoudre, avec un projet de bâtiments à taille humaine et, bien sûr, avec des espaces verts et des jardins conséquents. Mais je ne désespère pas qu’un jour vous nous rejoigniez.

En fait, je voulais vous dire que ne pas anticiper qu’il sera difficile de vivre bien en vivant serré, si vous n’arrivez pas à anticiper cela, c’est une erreur majeure. Ne pas reconnaître que la densité du bâti est un facteur majeur – je dis bien « majeur » – du phénomène d’îlot de chaleur urbain, là aussi, c’est irresponsable. Je vous invite à aller voir, dès 2016, lorsqu’il y avait la révision du P.L.U., nous avions déposé des vœux pour sanctuariser les espaces verts et les espaces de respiration. Mais, bien sûr, cela avait été refusé. Donc, quand on parle de sobriété foncière, je voulais vous dire que ce n’était pas mettre forcément Paris dans du formol, mais c’était surtout l’adapter, moderniser l’existant et faire en sorte que l’on puisse voir des nouveaux usages dans les bâtiments existants. Enfin, je vous invite aussi à avoir une vision métropolitaine, qui est totalement absente de votre communication.

Je donnerai rapidement les positions des vœux concernant certains vœux rattachés de votre groupe. D’abord, nous voterons favorablement les vœux qui demandent l’arrêt des projets de construction de tour. En revanche, nous aurons du mal à voter votre vœu, Madame SIMONNET, parce que 30 % d’emprise de pleine terre sur tout Paris – si c’est sur les nouveaux projets, oui, bien sûr – mais sur tout Paris, on ne voit pas comment c’est faisable. Nous sommes aussi d’accord avec vous sur le constat qu’il n’y a pas eu de débat préliminaire et de bilan. Mais, là encore, nous ne voulons pas retarder le débat sur le P.L.U., d’autant plus que nous souhaitons comme vous qu’il y ait bientôt un sursis à statuer.

Là encore, je regrette que les Verts retirent leur vœu au profit de celui de l’Exécutif, parce que le vôtre était vraiment engageant, Monsieur MEUNIER, alors que celui de l’Exécutif met des conditions qui sont totalement, je n’allais pas dire irréalisables, mais quand on me dit que c’est pour les projets de nature à compromettre ou à rendre plus difficile l’existence du futur Plan Local d’Urbanisme, je peux vous dire que votre vœu perd toute sa nature et son engagement.

En conclusion, je voulais vous dire que nous sommes très préoccupés par les sujets de santé et qu’en effet, comme le fait mon collègue Rudolph GRANIER dans le 18e arrondissement, nous sommes favorables à maintenir des activités de santé dans l’hôpital Bichat, mais que le vœu, hélas, est mal ficelé.

En conclusion, cette communication brasse beaucoup de vent. Vous allez me dire : le vent, c’est peut-être de l’énergie renouvelable. C’est peut-être un début.