Mon intervention en Conseil de Paris du 11,12 et 13 décembre 2017

En matière de politique du logement, ce budget 2018 incarne votre marque et puisqu’il se situe à mi-mandat, prolonge également un bilan aux effets désastreux, et auquel vous donnez cette année encore une impulsion toute aussi négative.
Un constat s’impose : vous avez organisé la pénurie du logement à Paris.

C’est une politique principalement ciblée sur le tout social, au détriment de  ce qui concourt à la prospérité et au rayonnement d’une capitale : une offre à la location comme à l’achat  répondant notamment à la demande des classes moyennes.

Ceci est vérifiable à travers 3 axes durs de votre politique :

-1er axe : toujours plus de préemptions couteuses, d’achats de logements occupés. Les chiffres parlent d’eux-mêmes, ce sont les vôtres, avant que vous ne décidiez de nous priver pour préparer convenablement ce débat, de « Bleu budgétaire Logement »  Le  montant des acquisitions immobilières a explosé entre 2014 et 2017, passant de 71 à 180 millions, et en 2018  sur 174 millions de compte foncier,  vous prévoyez au moins 142 millions pour les préemptions de logements.
Je n’oublie pas le droit de préemption urbain renforcé –vieille recette communiste d’après- guerre-pour imposer comme vous l’avez si bien défini-« la mixité sociale à l’échelle de la cage d’escalier » et imposer une gestion de logement social au sein de copropriétés privées, tout est bon pour décourager les investisseurs et déstabiliser le marché immobilier.

-2e axe : toujours plus de conventionnements de logements libres au sein du parc social, vous avez ainsi intensifié ces opérations, plus de 10 000 depuis 2014, et encore 2600 à cette séance, notamment  dans le 12e, des conventionnements qui ne créent pas un seul logement supplémentaire pour les parisiens, et qui accélèrent le départ des classes moyennes de la capitale.
La 2eme étape de ces opérations, tout aussi critiquable, c’est que vous imposez  aux bailleurs  de capitaliser les loyers sur 60 ans , permettant à la Ville pour renflouer le dérapage constant de son budget de fonctionnement, alors qu’il s’agit en fait de recettes d’investissement,  d’encaisser plus  de 860 millions sur trois exercices budgétaires, incluant celui de 2018 qui vous rapportera 225 millions. Il n’y a pas que la baisse des APL du gouvernement qui pénalisent les bailleurs votre politique aussi.
Cette fuite en avant irresponsable comporte  des effets particulièrement dommageables pour les bailleurs de la Ville et pour les locataires du parc, car vous privez les bailleurs d’une trésorerie et d’une capacité d’emprunt  pour investir efficacement au service de la qualité de vie du parc social et de ses locataires.

-3eme axe : toujours plus de financements déséquilibrés de logements très sociaux.
A cet égard, cette séance est très illustrative, je dirai même « collector », c’est du 80% de production de logements très sociaux contre 20% de PLS,  et seulement 126 logements intermédiaires pour vous donner bonne conscience, alors que le PLH prévoyait 3000 logements sur la mandature, on est bien loin du compte !
Quant à l’accession sociale à la propriété elle est quasiment au point mort et les échanges d’appartements dans le parc social sont bloqués avec un taux de rotation qui stagne à 4,5%
Je ne résiste pas à vous livrer les propos d’un maire d’une  ville de 52.000 habitants, tout proche de Paris, qui dit les choses  clairement surtout sans démagogie, et dont vous devriez vous inspirer pour infléchir en profondeur votre politique :
«  Il faut arrêter de penser que plus on fait du logement social, plus on protège les gens. C’est l’inverse : plus on en fait, plus on favorise la pénurie de logements privés, et donc les loyers du parc privé explosent ».

Et j’ajouterai  l’analyse complémentaire de la Fondation Abbé- Pierre, peu suspecte de positionnement anti-logement social, qui estime que « faute de logements intermédiaires, le social est embouteillé, les gens ne pouvant en sortir, tout se bloque et les parcours résidentiels ne peuvent se faire » !

Alors, il est grand temps de changer de politique du logement pour répondre enfin à cette priorité des parisiens, par des dispositifs équilibrés, bien gérés  et correspondant aux réalités des arrondissements.