Je suis favorable au regroupement des projets de délibérations concernant le logement social dans le 12e arrondissement. Cela nous permet de montrer nos positions de vote, et que celles-ci dépendent des spécificités des acquisitions, des programmations.
En effet, nous ne votons pas systématiquement contre tous les projets de délibérations. Nous analysons chaque projet selon qu’il s’agisse de préemption, de conventionnement, de construction, aussi de rénovation. Nous faisons la distinction des différents critères mentionnés précédemment.
Lors de ce Conseil de Paris, nous examinons cinq projets de délibérations, qui visent à préempter des logements privés pour les transformer en logements sociaux dans le 12e arrondissement.
Ces opérations représentent une charge foncière de 118 millions d’euros, incluant une subvention directe de la Ville de Paris de 38 millions d’euros. Au total, 233 logements privés sont concernés, dont 212 qui seront convertis en logements sociaux.
Il y a 118 millions d’euros, mais cela n’aboutit à aucune création de nouvelle unité de logement, puisque vous transformez des logements privés qui existent, sont occupés, nous y reviendrons, en logements sociaux.
Tout cela ne change rien à l’offre globale de logement.
Un quartier est particulièrement touché par ces préemptions à ce Conseil, c’est celui de Picpus. En effet, le mois dernier, déjà 154 logements avaient été préemptés au 25 rue Arnold Netter. Aujourd’hui, dans une petite rue
parallèle à cette rue, la rue Sibuet, plusieurs ensembles sont en effet préemptés, et donc le logement privé transformé en logement public. Cela concerne les 24-26 et 18-20 de la rue Sibuet.
Cette concentration de préemptions dans un même secteur soulève des questions sur l’équilibre de la mixité sociale de nos quartiers, d’autant plus qu’en 2021, dans cette petite rue, vous aviez une résidence de 239 logements conventionnés au 36-40 rue Sibuet, sachant qu’il y a un très grand ensemble social au 42 rue Sibuet.
Vous voyez bien, c’est une municipalisation progressive de cette rue qui, en plus, a vraiment le caractère d’être assez petite et étroite.
Sur les 233 logements préemptés, 90 % seront destinés à du logement social type S.R.U, c’est-à-dire P.L.A.I., PLUS, et P.L.S.
Vous nous avez annoncé le chiffre de 40 % de logements intermédiaires, Monsieur BAUDRIER, je peux vous dire qu’ils ne sont pas dans le 12e, c’est clair, dans les cinq projets de délibérations dont nous sommes en train de débattre.
Pourtant, le logement intermédiaire est essentiel pour les classes moyennes. Une fois de plus, c’est le grand absent de votre programmation, du moins dans le 12e.
Le manque de logement intermédiaire crée une véritable impasse, à la fois sociale et fonctionnelle, dans la gestion du logement à Paris. En effet, ce logement intermédiaire remplit deux fonctions essentielles. La première, il permet de loger des ménages de la classe moyenne, souvent trop riches pour accéder au logement social, mais trop pauvres pour se tourner vers le marché locatif privé. Ces familles et ces individus sont souvent les grands oubliés de vos politiques du logement.
La deuxième fonction essentielle du logement intermédiaire, c’est qu’il évite l’engorgement du parc de logements sociaux S.R.U. En l’absence de logement intermédiaire, les bénéficiaires du logement social n’ont pas de solution pour évoluer vers un habitat mieux adapté à leurs revenus si ceux-ci tendent à augmenter.
Cela bloque tout le système, empêche le parcours résidentiel des locataires du logement social, et réduit les possibilités d’accès pour les nouveaux demandeurs. Tout est grippé par cette absence de logement intermédiaire.
Notre groupe s’oppose, en effet, à ces projets de délibérations de préemption qui, à un coût élevé, n’apportent pas de nouvelles solutions de logement, notamment à la crise du logement que traverse notre ville.
Nous appelons donc à une réorientation de notre politique vers une meilleure prise en compte des besoins des classes moyennes.
Tout à l’heure, dans vos réponses à Grégory CANAL, vous disiez que la plupart des logements n’étaient pas autant occupés que cela. Or, dans la majorité des projets de délibations que nous sommes en train de voir, ils le sont à plus de 80 %.
Je vous avoue, il y a des phrases assez lunaires dans les projets de délibérations. Je prendrai celle de la DLH 209, qui concerne la villa Jean Godard. Il est écrit : « le site est actuellement occupé à 80 %. Il est vraisemblable que les locataires quittent les lieux d’eux-mêmes, avant le démarrage des travaux ».
C’est peut-être un système d’évaporation, comme vous avez tendance à utiliser ce terme pour d’autres secteurs. C’est un peu léger de faire des spéculations comme quoi les gens partiront d’eux-mêmes. Quid de cette phrase un peu lunaire ?
Je voulais aussi préciser, un projet de délibération, qui est peut-être passé à la trappe, me tenait à cœur, c’est le DLH 325. Nous voterons favorablement ce projet de délibération, qui concerne la transformation d’un foyer de travailleurs migrants en une résidence sociale située au 22 rue Beccaria.
Nous le voterons favorablement, parce qu’en effet ce bâtiment mérite d’être rénové. De plus, cette rénovation va permettre de créer de nouvelles unités, et pas simplement de la transformation.
En revanche, je m’étais permis de mentionner que cette résidence Beccaria a déjà été rénovée, il y a trois ans, avec des rénovations externes. Là, il s’agit de rénovations internes. En termes de calendrier, il aurait été plus judicieux d’essayer de synchroniser les rénovations interne et externe, pour des raisons de calendrier, mais aussi des raisons évidentes de coût. Lorsqu’on fait une rénovation globale, et non pas décalée dans le temps, forcément on fait des économies d’échelle. Aussi, pour réduire les désagréments pour les résidents.
Sur ce projet de délibération, c’est important, je vous demanderai lors du vote, pas cette fois car il n’est pas inscrit, mais notre groupe reviendra dessus, un vote dissocié. Pourquoi ? Parce que nous votons favorablement la transformation de cette résidence rue Beccaria.
En revanche, nous sommes défavorables à l’extension de la convention d’occupation du bâtiment ADOMA, rue des fortifications. C’est ce bâtiment en bordure du bois créé en 2011, bâtiment dit temporaire. Seulement, cela fait déjà deux fois, là c’est la troisième, que la convention de continuité de ce bâtiment temporaire sera étendue. Honnêtement, à ce rythme, on pourrait presque se demander si le temporaire n’est pas devenu une nouvelle définition de la durabilité pour la Ville de Paris.