Mes chers collègues,
Je n’avais pas forcément prévu de revenir sur la dernière votation, mais en vous entendant, Madame la Maire, la qualifier d' »exemplaire », ou encore, en entendant M. FÉRAUD dire que les résultats étaient « sans appel », je ne peux rester silencieuse. Avec 4 % de participation, il n’y a pas de quoi pavoiser. Les Parisiens n’ont pas voté. Ils ont boudé. Pourquoi ? C’est parce qu’ils ont bien compris : avec une question floue, avec une question infantilisante, il ne s’agissait pas d’un véritable exercice démocratique, mais plutôt d’une manipulation orchestrée pour mieux instrumentaliser les résultats.
Nous sommes à la dernière année de mandature et toujours aucun plan d’investissement de la mandature présenté. Ce document pourtant structurant, essentiel à toute action sérieuse, n’a jamais vu le jour. Pourquoi ? C’est parce qu’il obligerait la majorité à se confronter au réel, à des chiffres, à un calendrier, à une méthode. A défaut, on se réfugie dans la communication et l’incantation. Ce nouveau plan Biodiversité s’inscrit dans la même ligne : pas de budget clair, pas de calendrier, pas de méthode : une belle vitrine sans boutique.
La biodiversité à Paris, ce sont d’abord les bois de Boulogne et de Vincennes. Je pense que nous en conviendrons tous. Pourtant, rien ou presque des travaux de la M.I.E. des bois n’a été repris dans ce plan. Les préconisations qui, je le rappelle, ont été votées par l’ensemble des groupes qui représentaient la M.I.E., ne sont pas du tout visibles dans ce plan. Pourtant, elles ont été en effet unanimes et elles ont fait chou blanc. Elles n’ont même pas germé dans le terreau municipal.
Quelques exemples concrets des préconisations de la M.I.E. qui auraient dû se retrouver dans le plan. Tout d’abord, nous avions évoqué les mares artificielles. La M.I.E. avait demandé qu’elles soient réalisées en argile, et non plus avec des bâches plastiques. Cette préconisation n’apparaît pas. A la publication des autopsies animales en cas de pathologie suspecte pour prévenir les risques sanitaires, rappelez-vous les manquements qu’il y a eus lors de la gestion des cyanobactéries dans les lacs. C’était une demande vraiment forte de la part des associations de défense de l’environnement. Là encore, dans ce plan, nous aurions pu y remédier. La M.I.E. y avait travaillé et de nouveau, voilà un acte manqué.
La lutte contre le braconnage, en lien avec la police et l’Office français de la biodiversité ? Evaporée. « Quid » des corridors écologiques pour la faune ? « Zappés ». La sanctuarisation de nouvelles zones de haute biodiversité des bois, là encore : rien. Nous avions beaucoup parlé, lors de la M.I.E., de la gestion forestière, et notamment obtenu qu’il y ait des expérimentations pour tout ce qui est sylviculture mélangée à couvert continu. Là encore, je ne vois rien dans ce plan Biodiversité, même pas une once d’expérimentation. Enfin, l’expérimentation des zones non-fumeurs, là aussi très consensuelle, que nous avions décidée aux abords des aires de jeu, notamment, pour limiter la pollution des sols et des nuisances à la biodiversité : aux oubliettes.
Nous avons ainsi présenté plusieurs amendements pour introduire toutes ces propositions constructives qui, je le rappelle encore une fois, avaient pourtant été actées par l’ensemble des groupes politiques, je le rappelle, et notamment par « Les Écologistes », dont M. Émile MEUNIER était le rapporteur.
Je voulais bien sûr mentionner aussi les festivals dans les bois. S’il y a bien une incohérence flagrante dans votre positionnement, c’est celle d’autoriser les festivals de grande ampleur au cœur même des principaux réservoirs de biodiversité que sont les bois. Revendiquer la défense de la biodiversité, tout en cautionnant ce genre d’événements, relève du grand écart. Les festivals comme We Love Green rassemblent plus de 100.000 personnes dans les espaces fragiles, et la faune et la flore en pâtissent. Le festival We Love Green a une programmation excellente, je tiens à le préciser, avec des artistes de renom et de qualité. Il n’y a rien à redire sur ce point. Cependant, le bois de Vincennes n’est pas une scène. C’est un écosystème. Le silence des pseudo-écologistes révèle une contradiction difficile à ignorer.
A force de recycler les mêmes éléments de langage, sans budget, sans planification, ce n’est pas un plan Biodiversité, c’est un trompe-l’œil que vous nous présentez. Quand les travaux de la M.I.E. disparaissent systématiquement, on se dit que le tri sélectif s’applique aussi aux préconisations, de façon dogmatique.
Je vous remercie.