Mes chers collègues,
Les plans Biodiversité se suivent et se ressemblent, ils sont toujours remplis de bonnes intentions qui font consensus mais qui ne sont pas, hélas, forcément mis en place et leurs résultats ne sont jamais évalués concrètement.
Si l’on observe l’évolution dans l’un des deux poumons verts de la Capitale, que s’est-il passé dans le Bois de Vincennes depuis 2011, date de l’adoption du dernier plan de biodiversité ? Le Bois de Vincennes a continué à être utilisé comme réserve foncière avec la construction d’une aire d’accueil des gens du voyage impliquant la viabilisation du site et la construction de ce bâtiment. Il y a eu aussi le maintien du bâtiment Adoma, certes limitrophe au Bois de Vincennes, mais qui est tout de même le bâtiment dit temporaire et qui devient permanent, et le maintien de la Foire du Trône sur la pelouse de Reuilly avec aucune étude de relocalisation des activités. Enfin, l’exemple le plus flagrant et le plus récent est celui du projet de baignade du lac Daumesnil, dont les impacts sur le site en termes de biodiversité sont très négatifs.
La Ville a d’abord minimisé ces impacts jusqu’à ce que la pression des associations et des riverains soit trop forte lors de l’enquête publique qui vient juste de s’achever. Vous avez annoncé par voie de presse suspendre cet aménagement. Cependant, dans le Plan Biodiversité, il persiste des contrevérités sur le projet de baignade, par exemple page 22 où il est inscrit, je cite, que « les études réalisées montrent que la baignade aura peu d’effets sur la biodiversité ».
C’est pourquoi nous avons déposé un amendement qui vous demande de bien vouloir retirer ce passage et j’observe que sur table l’Exécutif vient aussi de réagir à ce sujet ; il était temps. Je souris aussi à la tentative de récupération politique du groupe les Ecologistes suite à l’abandon du projet de baignade. Ils avaient voté, je le rappelle, favorablement du début à la fin toutes les délibérations de ce projet et ils se félicitent aujourd’hui de son abandon.
Vous affichez aussi que la Ville de Paris doit être exemplaire et qu’elle applique la biodiversité à toutes les échelles, notamment dans ses documents administratifs. Sur ce point, vous avez encore une grande marge de progression. Dois-je vous rappeler que lors de la révision du règlement de la Foire du Trône sur la pelouse de Reuilly, votre majorité a totalement omis toutes les considérations écologiques sur ce site et que ce sont les amendements de notre groupe, que j’ai défendus en séance, qui ont rétabli que le règlement devait être nécessairement compatible et opposable avec toutes les orientations prises par le Conseil de Paris à travers l’adoption de la charte d’aménagement, du Plan arboricole ou encore du Plan Biodiversité ?
Dans le même esprit, vous fixez des objectifs d’inscrire la biodiversité dans tous les documents d’urbanisme et les plans environnementaux de la Ville. Nous souhaitons enrichir cette action par un amendement qui propose de sanctuariser les espaces verts existants, notamment dans les bois et tous les espaces pouvant être aménagés en espaces verts dans le P.L.U.
Qu’en est-il aussi, mes chers collègues, de toutes les normes de certification environnementale, notamment celles internationales ISO 14001 dans le Bois de Vincennes, qui ne sont jamais évaluées! Nous avons déposés des vœux à maintes reprises pour demander un audit ou une évaluation de leur application mais cela n’a jamais, hélas, abouti à quelque chose de concret !
Enfin, le rapport de la C.R.C. sur la gestion des concessions dans les bois de Vincennes et de Boulogne est justement, sans jeu de mots, sans concession à votre égard quant au peu de suivi des activités dans les bois.
Bien sûr, nous sommes d’accord avec les orientations et les objectifs du Plan Biodiversité, mais ce que nous voulons par-dessus tout, ce ne sont pas des intentions mais des actes. Début 2016, la C.R.C. a relevé que 18 des 20 arrondissements parisiens étaient sous-dotés en espaces verts de proximité dans le cadre d’un rapport sur la politique régionale en la matière. Selon un classement publié par le M.I.T., Paris est la ville la moins verte parmi les 26 villes du panel. A titre comparatif, Singapour comporte près de 30 % de verdure alors que la Capitale n’en compte pas moins de 9 %.
Monsieur le Maire, la demande d’espaces verts et d’espaces de respiration n’a jamais été aussi forte à Paris et nous ne comprenons pas votre course à la bétonisation dans certains projets ou tentatives de projets, tels que le stade Ménilmontant ou encore les secteurs Léo-Lagrange ou Paul-Valéry. Nous ne comprenons pas non plus que des projets qui devraient être consensuels, comme par exemple l’extension du jardin Debergue, puissent être aussi mal conduits, puisque ce projet retenu consiste à condamner des fenêtres de logements déjà existants.
Nous avons déposé un vœu pour que cette programmation améliore l’intégration des bâtiments et respecte le cœur d’îlot en observant la continuité des espaces libres entre la cité Debergue, la cité du Rendez-Vous et les 71 et 77 avenue du Docteur-Netter.
Madame la Maire du 12e arrondissement, évitez les raccourcis insincères. Je vous rappelle que sur ce projet nous sommes d’accord sur les objectifs de création de jardins, de logements et de la crèche et qu’il suffirait juste d’une meilleure intégration des bâtiments pour obtenir l’unanimité sur ce projet.
Le Plan Biodiversité 2018-2024 ne prévoit pas l’achèvement d’un inventaire complet de la biodiversité avant son échéance. En 2024, l’objectif se limite à 40 % du territoire parisien alors qu’en 2014, 18 % étaient déjà couverts. Nous souhaitons aller bien plus loin car il est fondamental de réaliser des diagnostics et des inventaires pour connaître les effets du Plan Biodiversité et permettre d’en corriger les insuffisances au plus vite.
C’est pour cela que nous vous proposons que le calendrier de réalisation de l’action soit ainsi modifié : « pour 2020, 50 % du territoire parisien a fait l’objet d’un diagnostic ou d’un inventaire de biodiversité ou encore en 2024, 100 % du territoire parisien a fait l’objet d’un diagnostic ou d’un inventaire de biodiversité ».
La biodiversité se trouve au carrefour de nombreux enjeux : la protection de la planète, la qualité de vie, la pérennité des activités et le lien social. A travers nos observations et l’ensemble de nos amendements, nous nous inscrivons dans une démarche constructive pour vous aider à passer des paroles aux actes.