Madame la Maire. Mes chers collègues, je voulais rappeler les milliers de documents, cartographies, annexes qui nous ont été transmis le plus tardivement possible, ce qui traduit bien sûr un irrespect total du travail des élus de l’opposition.

Mes chers collègues, l’adjectif « bioclimatique » sera-t-il suffisant pour faire oublier tous les dérapages passés et sera-t-il suffisant aussi pour masquer l’ensemble des injonctions contradictoires de ce nouveau P.L.U. ?

Notre capitale est l’une des plus denses d’Europe. Depuis les années 1977 à 2001, chaque fois qu’il y avait un nouveau programme d’ampleur, il était équilibré et composé de 30 % d’espaces verts au minimum. C’est d’ailleurs pour cela que nous pouvons bénéficier aujourd’hui des parcs tels que André Citroën, Bercy, Belleville ou les Halles et je pourrais en citer plein d’autres dans chaque arrondissement.

Néanmoins, le bilan socialiste depuis est bien médiocre. Il faut dire que tous les espaces verts sont restés à l’état d’incantation. C’étaient surtout des images de synthèse, que l’on attend d’ailleurs sur les forêts urbaines, notamment les habitants de la place Henri-Frenay dans le 12e arrondissement.

Depuis 2006, c’est seulement 0,36 mètre carré d’espaces verts par habitant qui ont été créés, c’est 4 fois moins que ce que vous nous promettez aujourd’hui. Alors oui, en effet, permettez-nous d’en douter.

Il se trouve aussi qu’heureusement que j’étais assise ce matin lorsque j’ai entendu l’intervention de Mme la Maire qui disait, je la cite : « Rester dans la minéralité serait un suicide collectif », vous qui n’avez cessé de bétonner ces dernières années. Oui cela vous fait mal, mais vous avez utilisé toutes les parcelles possibles, tous les espaces de respiration ont été utilisés justement pour bétonner.

Dans notre groupe, nous nous félicitons en effet de la mobilisation et de la constance de nos prises de position. En effet, nous nous sommes engagés, je vous le rappelle, nous avons empêché la bétonisation sur la T.E.P. Ménilmontant. Nous avons empêché la construction sur les berges de Seine, sur la place Mazas. Nous avons empêché la tour Bruneseau et aussi bien sûr l’ancien projet Bercy-Charenton que nous dénonçons depuis 2008. Vous, il a fallu 2020 pour vous réveiller. Nous, depuis 2008 nous disions que c’était obsolète de faire des tours notamment.

Alors oui, il y a quelques avancées en effet sur les hauteurs plafonnées à 37 mètres, mais hélas ces mesures sont minées par d’autres mesures qui justement vont à l’encontre de l’environnement.

Je pense notamment en effet aux servitudes fonctionnelles et aux pastillages. Les servitudes fonctionnelles vont geler la réhabilitation, aussi bien thermique que fonctionnelle du parc tertiaire, qui pourtant est un levier essentiel de la lutte contre les émissions de CO2. C’est aussi le cas du pastillage qui va engendrer un immobilisme de la part des propriétaires, et vous avez pastillé énormément de dents creuses, pour ne pas dire toutes les dents creuses, et ce P.L.U. montre sans équivoque que vous allez combler un maximum de dents creuses.

D’ailleurs, le rythme soutenu de 100 comblements de dents creuses par an que vous avez instauré depuis de nombreuses années va continuer, et ce n’est pas parce qu’il y a l’adjectif « bioclimatique » que cela empêchera les canyons urbains de se créer.

Monsieur le premier adjoint, Cher Emmanuel, il semblerait que vous ayez perdu votre boussole. Vous allez plonger le secteur économique et les rénovations thermiques dans le formol. Le droit à la propriété vous importe peu, il faut croire, et je n’ose imaginer l’usine à gaz que sera désormais l’aventure du permis de construire.

Votre P.L.U. est hors sol, il est déconnecté des réalités environnementales, économiques et juridiques.

Vous l’aurez compris, nous avons une vision et une méthode différentes des vôtres. Nous vous demandons de supprimer les servitudes fonctionnelles et le pastillage, et de préférer une coopération avec les forces vives de Paris en s’appuyant davantage sur les entreprises qui innovent chaque jour pour répondre aux changements de mode de vie et aux objectifs de bas carbone.

C’est aux politiques d’aider les différents acteurs à trouver de nouveaux usages, à réhabiliter le bâti existant et non à les contraindre au point de les décourager.

Nous vous proposons aussi d’aller plus loin sur la réversibilité et la modularité. Nous avons d’ailleurs fait un amendement en ce sens sur l’O.A.P. terrains à construire, afin qu’anticiper la réversibilité justement permette de réduire l’empreinte carbone des bâtiments et aussi de consommer moins de matériaux et d’énergie. Nous avons aussi fait des propositions pour aller plus loin dans la lutte contre les I.C.U. et les canyons urbains avec la sauvegarde des cours d’îlots et notamment les dents creuses, et c’est ma collègue Anne BIRABEN qui développera ce point.

Nous vous faisons aussi des propositions pour sauvegarder et développer les espaces verts. Je vous ai demandé aussi à plusieurs reprises, et vous aviez accepté le principe, la création d’un indice N.D.V.I. qui permette notamment de mesurer l’évolution de création d’espaces verts, pour que nous puissions justement avoir des débats fondés sur les textes et sur les chiffres les prochaines fois.

Sur les friches ferroviaires de Bercy-Charenton, j’ai formulé notre projet sous forme d’O.A.P. afin qu’elles ne soient pas forcément introduites à ce P.L.U., j’en suis consciente, mais qu’elles soient au moins présentées en 5e Commission, et qu’il y ait une visite sur site pour que tous les élus puissent se rendre compte, en effet, de ce site et de son potentiel.

Notre projet est porté depuis de nombreuses années, il est justement sur des bâtiments à taille humaine, des espaces verts très développés, et sur un projet économique autour de la croissance verte, de l’agriculture urbaine, et aussi de l’artisanat grâce à la rénovation notamment des tunnels, et toujours aussi afin de réduire les nuisances des voies ferrées grâce à une couverture des voies ferrées qui a d’ailleurs fait l’objet d’une étude en 2008 par l’APUR.

Enfin, Paris n’a pas vocation à devenir une ville-dortoir. Notre capitale doit retrouver sa diversité économique et sociale. L’APUR établit d’ailleurs que les quartiers les plus mixtes sont ceux avec une part de 25 % des ménages résidant dans le parc social, 36 % dans le parc locatif privé, et enfin 39 % de propriétaires occupants.

Votre bilan rose, rouge, vert est mauvais et vous le savez, 12.000 habitants quittent Paris chaque année depuis 10 ans. Vous ne tablez plus sur l’amélioration du cadre de vie à Paris, et vous misez sur le logement social comme une assurance vie réélection. Le prochain P.L.U. pastillé de l’adjectif « bioclimatique » sera votre cheville ouvrière. Il est bien dommage pour les Parisiens que ce P.L.U. soit plus idéologique que bioclimatique.