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Mes chers collègues,

Je ne peux commencer mon intervention sans remercier chaleureusement les services. Je peux témoigner de l’efficacité, du professionnalisme, de l’écoute et de la réactivité de l’équipe de Michel DES BOSCS et je l’en remercie.

Cette mission aura été celle des records. Record dans le nombre de personnes auditionnées, plus de 144 personnes (experts, scientifiques, acteurs), sans compter aussi les 81 contributions écrites. Cela témoigne, en effet, de la transversalité des thèmes inhérents aux deux bois de Boulogne et de Vincennes. En effet, ce sont plus que des forêts, ce sont aussi des lieux d’épanouissement sportif, événementiel, mais aussi culturel et ce sont aussi, hélas, des lieux de vie avec des réalités contrastées et leurs difficultés.

Cette mission a été à la fois stimulante et enrichissante. Je crois pouvoir dire qu’elle s’est déroulée dans une atmosphère constructive débouchant sur plus de 68 recommandations. Je remercie d’ailleurs l’ensemble des élus et leurs collaborateurs pour leur assiduité, pour leur engagement. Je précise que l’ensemble des sessions étaient en présentiel, peut-être comme dans l’ancien temps, mais cela nous a permis d’être très constructifs. Bien sûr en présentiel, sauf les sessions internationales que nous avons eu l’occasion de mener avec nos homologues de la ville de Tokyo ou encore de Londres et de Bruxelles.

Je remercie enfin M. le rapporteur Émile MEUNIER, pour sa capacité de consensus et sa contribution à la bonne atmosphère qui a prévalu, je crois pouvoir le dire, tout au long de cette mission.

Depuis la remise du rapport au premier adjoint Emmanuel GRÉGOIRE, il m’est souvent demandé si je suis satisfaite de la mission. Ma réponse est double, c’est oui, mais il y a aussi un petit non.

Oui, parce que je sens que nous avons étudié toutes les facettes et toutes les questions et que nous n’avons rien mis de côté. Même les sujets sensibles ont été abordés dans ce rapport, et même lorsqu’il n’y avait pas consensus, nous avons été capables d’émettre des préconisations, certes parfois qui peuvent paraître timides, mais des préconisations tout de même demandant une expérimentation ou le lancement de réflexions.

Donc, rien n’a été écarté et d’ailleurs le consensus est bien là puisque nous allons aujourd’hui débattre des 68 recommandations que nous avons faites par consensus.

Pourquoi alors un non ? Un non parce qu’en tant que membres du groupe Changer Paris, il y a de nombreux sujets sur lesquels nous aurions voulu aller plus loin. Je pense notamment à la propreté, la sécurité, la gouvernance, mais aussi la gestion arboricole. Nous avons auditionné de nombreuses personnes, de nombreux usagers des bois, et il est vrai qu’ils ont des préoccupations fortes dans ces domaines. Cela rejoint d’ailleurs le rapport de l’APUR établi en 2019, qui pointait déjà les faiblesses principales des bois, c’est-à-dire les activités liées à la prostitution, l’entretien aussi et la propreté des bois.

Je voulais souligner aussi que l’urgence climatique, notamment les épisodes de canicule que nous connaissons de plus en plus, nous oblige à prendre des décisions courageuses, et là aussi nous pensons que l’urgence climatique nous oblige à arbitrer sur certains points.

Alors oui, nous avons réussi à nous accorder sur un consensus pour protéger et valoriser ce patrimoine naturel, culturel et historique des bois…

Nous avons en effet accordé de l’importance à ce patrimoine naturel, culturel, mais aussi historique des bois pour le valoriser, grâce notamment à des parcours et un volet pédagogique pour mieux le faire connaître et apprécier, et donc pour le faire préserver.

Nous avons également convenu de la nécessité de recenser les 750 bâtiments qui existent dans les bois et qui sont dans un état assez inégal. Nous avons proposé qu’il y ait un inventaire précis, qu’il y ait aussi une évaluation de leur potentiel, afin de les entretenir, notamment lors des périodes intercalaires où ils ne sont pas utilisés, mais aussi de trouver de nouvelles méthodes pour leur trouver un rôle utile aux Parisiens.

La pratique du sport a aussi été assez consensuelle dans la reconnaissance de la nécessité d’améliorer les conditions sportives. Pour cela, nous nous sommes entendus sur la nécessité d’une reconquête des terrains délaissés, notamment grâce à des dispositifs innovants, que ce soit sur des surfaces hybrides ou sur les éclairages dits intelligents, qui permettent d’allier l’attente des sportifs qui demandent des créneaux supérieurs à la présence actuelle pour pouvoir pratiquer leurs activités sportives, et bien sûr en préservant la biodiversité et notamment la trame noire.

En matière d’accessibilité et de mobilité, nous avons soulevé dans la M.I.E. une lacune manifeste, à savoir que le plan de Mobilité que nous avions débattu en séance en février dernier n’était pas dédié à un volet spécifique sur les bois. La M.I.E. va donc préconiser que ce plan de Mobilité soit aussi inclusif pour les bois et à partir de ce plan nous aurons l’opportunité de décliner plusieurs mesures que nous avons décidées de façon consensuelle, du moins préconisées. Il s’agit de renforcer tous les parcours et les déplacements en mode doux comme les pistes cyclables, la rénovation aussi de la voirie et de l’accessibilité.

Et enfin, des mesures très pragmatiques telles que la signalétique, les parkings à vélo ou encore des navettes écologiques, mais sur ce point, ma collègue Brigitte KUSTER aura l’occasion de le développer en détail.

Concernant la question difficile du sans-abrisme, bien que la compétence relève majoritairement de l’Etat, la mission a préconisé un renforcement des dispositifs actuels auprès du monde associatif qui œuvre déjà auprès des sans-abri. Nous avons également préconisé de développer des établissements tels que le pavillon La Terrasse, qui ont vraiment cet objectif de sortir ces personnes qui sont très marginalisées et de leur permettre de remettre un pied dans la société.

C’est dans le même état d’esprit que nous avons abordé les sujets liés à la prostitution en renforçant les dispositifs des acteurs qui œuvrent déjà auprès de ces personnes, mais aussi en proposant de créer un observatoire de la prostitution dans les bois, ce qui permettra une meilleure coordination des différents intervenants.

Oui, l’ensemble de ces mesures fait consensus et j’espère que nous aurons l’occasion, bientôt, de voter justement dans cet hémicycle ces mesures ainsi qu’un plan d’investissement. Bien sûr, nous serons aussi très vigilants à l’application de toutes ces préconisations.

Maintenant, comme je l’ai dit en préambule, il y a des sujets sur lesquels nous aurions voulu aller plus loin. En matière de gestion forestière, le débat reste vif. Notre groupe souhaiterait qu’il y ait un moratoire sur les coupes, quelle que soit d’ailleurs la surface des parcelles. Les coupes rases, en effet, pour nous sont inadaptées, notamment à l’urgence climatique dont je faisais état en préambule. Nous prônons une approche beaucoup plus douce, plus moderne, préconisée par de grands acteurs tels que l’O.N.F. ou encore l’Agence régionale de biodiversité en Ile-de-France. Sur ce sujet, mon collègue Franck MARGAIN aura l’occasion de revenir plus en détail.

Pour l’organisation des grands événements, la M.I.E. préconise d’établir un protocole pour objectiver les études d’impact sur l’environnement. C’est un premier point, c’est une avancée, et pour moi cela sera très utile pour tous les événements intermédiaires. Mais lorsque les événements sont de grande envergure, nous considérons qu’il n’y a plus à arbitrer, il faut simplement les délocaliser parce que lorsqu’ils sont trop bruyants, lorsqu’ils sont trop fréquentés, ces événements abîment énormément la faune et la flore. Pour nous, il faudrait qu’ils soient en dehors de Paris ou à Paris, mais certainement pas dans les bois.

Un autre axe de divergence, c’est vrai que notre groupe aurait souhaité que l’on puisse utiliser davantage les nouvelles technologies à des fins d’optimisation des bois. Nous nous sommes aperçus que le traitement des données avait besoin d’être amélioré, parce qu’il y a des données, mais elles ne seront pas forcément exploitées, mais là encore, pour nous, les nouvelles technologies permettraient de mieux suivre la biodiversité et ainsi de la protéger. C’est aussi le cas pour améliorer les parcours sportifs grâce à des applications numériques ou encore pour lutter contre les incivilités.

Les incivilités, je ne prendrai qu’un seul exemple, celui des gravats qui est un véritable fléau au sein des bois : 612 mètres cubes pour Vincennes et 1.809 mètres cubes pour le bois de Boulogne. Si on cumule les deux, c’est l’équivalent d’une piscine olympique à remplir chaque année. A ce sujet, c’est vrai que l’O.N.F. nous avait proposé à la M.I.E. et mis à disposition des procédés qu’ils utilisent de capture photo qui permettent de lutter efficacement. Ils avaient donné tous les protocoles de sécurité pour les mettre en œuvre. Je regrette, en effet, que la mission ne se soit pas saisie de ce sujet.

En matière de propreté et de sécurité, nous arrivons rarement au sein de cet hémicycle à nous mettre d’accord, que ce soit sur l’intramuros ou sur les bois, et il se trouve que là aussi nous savons que la municipalité a tendance tout de même à s’autocongratuler assez facilement, alors que sur ces sujets les Parisiens attendent encore de nombreuses améliorations. Sur ces sujets, c’est ma collègue Véronique BALDINI qui aura l’occasion de revenir en détail.

En guise de conclusion peut-être, cette mission a permis de mettre en lumière la nécessité d’améliorer le processus de concertation notamment avec les communes riveraines. Je me réjouis que des préconisations aillent dans ce sens pour améliorer la fluidité et la prise de décision avec ces partenaires.

Enfin, cette mission a aussi montré à quel point des recettes sont générées dans les bois, mais ces recettes sont, hélas, fondues dans le budget global de la ville. Nous considérons que si des redevances qui se montent à peu près à 46 millions d’euros étaient fléchées pour la préservation, l’amélioration des bois, ils s’en porteraient beaucoup mieux.

En effet, pour l’instant, de l’autre côté, face aux 46,5 millions de recettes, c’étaient 9,8 millions qui étaient affectés à la DEVE pour les deux bois en 2014. Si nous arrivions à les flécher, ils pourraient être mieux utilisés. C’est pour cela que mon groupe proposait une structure dédiée avec un budget et une gestion autonome des bois afin que les 68 préconisations que nous allons présenter et débattre maintenant puissent être mises en place.

Je vous remercie.

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