Monsieur le Maire. Mes chers collègues, c’est une délibération qui traite du bilan de concertation sur la Z.A.C. Bercy Charenton, suite à la remise à plat du projet.
On aurait pu penser que c’était une délibération qui allait simplement retraduire la consultation faite auprès des habitants, mais la majorité en a profité pour réécrire l’histoire, pourquoi pas. Je comprends que vous ayez besoin de gommer un passé douloureux, parce que c’est un dossier qui remonte à 2011. On a perdu beaucoup de temps, beaucoup d’argent du contribuable parisien.
Voilà peut-être la raison du pourquoi vous décidez de réécrire l’histoire. Pourquoi ? Parce que je vais vous citer une phrase qui revient plusieurs fois, une notion qui revient plusieurs fois dans le bilan : « La modification du projet urbain Bercy Charenton s’est imposée avec la révision du plan local d’urbanisme lancée en 2020. Il s’agissait de traduire sur ce vaste territoire les ambitions du futur P.L.U. bioclimatique pour en faire un démonstrateur de la ville de demain ».
Toute personne qui était là la mandature précédente ou qui s’intéressait déjà à ce projet sait pertinemment que la révision du projet n’a pas été faite en raison du P.L.U. bioclimatique. Elle est bien antérieure.
Dès 2011, nous avions déjà dit que ce projet était obsolète. Obsolète, car vouloir faire des tours de 180 mètres de haut enclavées entre le périphérique, les voies ferrées, et l’échangeur de Bercy était un non-sens historique et écologique bien sûr.
Il vous aura fallu beaucoup de temps. Je voulais rappeler que dès 2018, lorsqu’il y a eu le vote dans cet hémicycle, à bulletin secret, de la délibération cadre, elle a été adoptée à simplement 3 voix près.
En effet, avec le groupe Les Ecologistes, nous avions demandé un scrutin public, parce que nous savions que ce projet était loin d’être accepté. Vous voyez bien qu’à 3 voix près, ce projet avait déjà du plomb dans l’aile.
Je voulais vous rappeler ce petit point historique. Et si le projet a été remis à plat, c’est surtout parce que notre groupe, de façon constante, s’est opposé à un projet qui était obsolète.
Je voulais aussi revenir sur l’enquête publique qui a eu lieu en 2016. Cette enquête publique, certes, était sur un projet qui a été remis à plat, mais beaucoup d’objectifs avaient été maintenus. Tout d’abord, celui, par exemple, des logements sociaux. Je vous rappelle que vous projetez 57 % de logements sociaux. Pourtant, lors de cette enquête publique, il y a eu une très forte mobilisation des Parisiens et habitants qui ont dit que la concentration de logements était trop importante.
Cette forte mobilisation a conduit notamment le commissaire enquêteur à faire une recommandation. Je la cite : « La commission d’enquête recommande de plafonner le pourcentage des logements sociaux imposés au profit de logements disponibles à la vente et au logement en accession de propriété, à un taux de 50 % ».
Vous êtes largement au-dessus. Là encore, bien sûr dans le bilan de concertation, il n’y a rien qui fait référence aux logements sociaux. Je suis assez étonnée qu’une observation qui a été très fortement portée lors de la commission d’enquête, large au public en 2016 pendant plus d’un mois, n’ait pas été soi-disant énoncée dans la consultation nouvelle que vous avez faite.
Je voulais aussi revenir sur la forme de cette concertation. Vous avez choisi et annoncé sur le site de la Ville, « proposer des ateliers de concertation en non-mixité ».
Je voulais vous dire que j’avais écrit à la Maire de Paris, le 26 septembre 2022, pour l’alerter que ces pratiques étaient pour nous contraires aux valeurs de la République, et à l’article 1er de la constitution du 4 octobre 1958 qui dispose : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens, sans distinction d’origine, de race ou de religion ».
Aucun habitant ne doit être discriminé, y compris en raison de son sexe ou de son genre, plus encore dans le cadre d’une procédure de concertation par principe ouverte à tous, de surcroît organisée par une collectivité territoriale.
Je regrette que la Maire de Paris n’ait pas répondu et qu’elle ait cautionné finalement ces formes d’ateliers qui créent une assignation identitaire, tout le contraire de l’universalisme que nous défendons, nous, au groupe Changer Paris.
Si je reviens aux objectifs qui sont énoncés au bilan de cette concertation, les quatre objectifs sont très larges. Un des objectifs est écologique, de recoudre Paris avec la banlieue. Bien sûr que nous adhérons à ces objectifs. J’ai envie de vous dire, ce sont ceux que nous soutenons depuis 2011. Nous avons donc perdu beaucoup de temps et de concertations pour en arriver finalement à quelque chose d’évident.
Ces objectifs sont très généraux, mais ont au moins le mérite de porter un projet qui est un peu plus raisonnable que celui que vous aviez fait précédemment.
Je voulais quand même revenir sur un point dans un des objectifs, le premier énoncé, c’est l’enjeu métropolitain, qui est vu dans ce projet. Je suis très étonnée que récemment, lorsque j’ai fait une demande aussi bien par courrier que par vœu, au premier adjoint, en demandant que soit porté l’intérêt métropolitain pour ce projet, cette demande ait été rejetée.
Je ne comprends pas, avec les caractéristiques d’un projet qui a tout pour être métropolitain, qu’on ne demande ni l’expertise ni les aides financières à la Métropole. C’est totalement incohérent, mais peut-être que vous allez évoluer sur le sujet dans le futur.
Je vais rapidement commenter l’amendement déposé par Les Ecologistes. Monsieur MEUNIER, si vous faites cet amendement, c’est parce que je sens que vous êtes très mal à l’aise. C’est une sorte de mea culpa. Avec tout ce que vous défendez à la porte de Montreuil ou autour du périphérique, vous dites qu’il ne faut plus construire.
Là, il se trouve que le projet de Bercy Charenton, vous avez validé un projet qui construit fortement tout le long du périphérique, et vous le savez. Forcément, vous commencez à faire une sorte de mea culpa avec cet amendement qui dit, attention à la santé environnementale. En effet, les gens qui vont travailler ou vivre à côté vont avoir des problèmes.
Je trouve que vous musclez, vous bombez du torse beaucoup lorsqu’il s’agit de défendre des projets sur lesquels vous n’avez pas forcément la main. Mais dans le 12e arrondissement, vous avez une mairie écologique, et là vous avez plutôt tendance à mettre tout sous le paillasson.