Le projet de baignade dans le lac Daumesnil  illustre parfaitement la distorsion qu’il peut exister ente le lancement d’une idée séduisante au premier abord et la réalité et les contraintes de sa mise en place.
La faisabilité et les impacts écologiques sur le site, méritent une attention particulière et impliquent de ne pas se retrancher derrière des certitudes ou des postures.
La réalisation du projet de baignade naturelle dans le lac Daumesnil  est loin d’être aussi écologique que ce que la majorité municipale tend à faire croire.
Au fur et à mesure de l’avancée du dossier, il s’avère que les impacts écologiques sur le site ainsi que les prévisions sanitaires pour les futurs baigneurs ne sont pas aussi anodins que prévus.

Cet aménagement conduit à excaver 8.450 m3 du lac Daumesnil , 1.800 m3 de l’Île de Bercy et 4.700 m3 de clairière, à construire 250m de mur de soutènement en béton, à poser 150 plots en béton et à construire un volume de béton de 208 m2 de surface et 8m de hauteur sous la berge.
L’ensemble des associations composant la commission départementale de la nature, des paysages et des sites ont voté contre ce projet,  et le premier dossier déposé auprès de la direction qui s’occupe de la protection des personnes à la Préfecture de Police a reçu un avis défavorable dans un premier temps. J’ajoute qu’il est à déplorer que les pressions exercées en commission des sites auprès des associations ne sont pas tolérables.
Parmi les remarques de l’inspectrice des sites de Paris, plusieurs éléments dévoilent le manque de sincérité des études présentées. Ci-dessous des extraits révélateurs des impacts écologiques indéniables sur le site:

« D’une part, la présentation du projet minimise les répercussions surle site du lac Daumesnil. L’ajout d’une série d’équipements brouille le dessin du lac. Les douches, les cordons-flotteurs, les platelages ne correspondent pas à l’esprit du site.
Les perspectives d’insertion ne renseignent pas en même temps les deux zones d’accès à la baignade. Or cette simulation authentique est importante pour comprendre la prégnance des installations sur la rive et l’effet de la densité humaine qui sera de 1000 personnes maximum prévues en simultanée.
D’une manière générale, les perceptions proposées sont édulcorées et ne sont pas représentées alors qu’elles seront visibles »

« En effet le projet n’anticipe pas  sérieusement le risque fort de dégradation de la végétation de l’île qui entraînera une modification substantielle de l’aspect du lac, avec un retour à l’état initial très hypothétique.

«  L’aménagement   aboutit   à   une   artificialisation   du   sol   et   du   sous-sol   par   la construction d’ouvrages de génie civil, à la fois sur l’île, dans les clairières et dans le lac »

« Conclusion : L’inspection régionale des sites a accompagné la Ville de Paris dans l’objectif de rendre le projet compatible avec le site classé. Si un progrès a été obtenu concernant certains aspects théoriques du projet, les pré-requis retenus par la Ville de Paris (création d’un bassin maçonné au sein du lac, machinerie de traitement…) conduisent à des aménagements lourds qui modifient substantiellement le site (artificialisation des sols, fragilisation du patrimoine arboré, altération du miroir d’eau, concentration de la fréquentation…), banalisant le joyau de l’art des jardins qu’est le lac »

De la même manière la délibération présentée en conseil de Paris minimise les impacts écologiques et sanitaires, et les élus du conseil de Paris n’ont ainsi pas disposé des éléments nécessaires pour être en mesure de voter ce projet
En séance du Conseil de Paris, j’ai demandé au nom du Groupe les Républicains et Indépendants  le retrait de cette délibération afin que les élus disposent d’informations plus sincères et complètes concernant les impacts écologiques sur le site et des études sanitaires pour les futurs baigneurs. Mais ma demande (sous forme de vœu rattaché à la délibération)  fut rejetée et la délibération a été adoptée par le vote de la majorité municipale.
L’insincérité du projet ressemble fort à la méthode déjà utilisée par la maire de Paris concernant le projet de piétonisation des berges de Seine. La commission d’enquête publique ainsi que la Haute autorité environnementale avaient pourtant émis un avis défavorable en raison notamment d’une étude d’impact incomplète. Le TA a annulé l’arrêté municipal et la délibération relative à l’aménagement des berges de Seine pour les raisons suivantes «  les études d’impact comportent des inexactitudes, des omissions et des insuffisances.

Il s’agit donc  ici de la même méthode d’insincérité et d’inexactitude qui prévaut dans ce projet.

Conclusion : En raison des impacts écologiques engendrés sur le site classé du bois de Vincennes,  je suis défavorable à ce projet de baignade dans le lac Daumesnil et propose qu’un tel aménagement soit programmé dans un autre lieu où les impacts écologiques sur le site seront bien moindres.
Le bois de Vincennes est un poumon vert de Paris et l’ile de Bercy surnommée l’ile aux oiseaux est un sanctuaire de biodiversité. Nous avons un devoir de préservation et de transmission. 

Valérie Montandon
Conseillère de Paris (XII)
Conseillère régionale Ile-de-France